44                                                 REGISTRES DU BUREAU                                           [1572]
XCVI. — Monsieur Le Charron, Conseiller de Ville. [Messieurs Jacques Sanguin et Claude Le Prebtre, maintenuz.]
20 décembre 1572. (Fol. 34 v°.)
Du samedy vingtiesme Decembre mvclxxii.
En Assemblée le jour d'huy faitte, au Bureau de l'Hostel de la Ville de Paris, de Messieurs les Pre­vost des Marchans, Eschevins et Conseillers de lad. Ville, pour adviser et deliberer sur l'estat et office de Conseiller de Ville vaccant par la mort de feu m° Pierre Poulin, sont comparuz Messieurs :
president Le Charron, Prevost des Marchans ;
Leclerc,
Lescaloppier,         j Eschevins;
de Bragelongne,
Messieurs :
president Prevost, \
president Luillier,
d'Alhis,
Guyot,
Marcel,
Le Lievre,
de Chomedey,        ) Conseillers.
de Cressé,
de Paillart,
Huault,
Aubry,
Abelly,
Vivien,
En laquelle Assemblée mondict sr le Prevost des Marchans a faict entendre à la Compaignie les causes d'icelle Assemblée; qui estoient pour adviser et de­liberer sur ledict office de Conseiller de laditte Ville, vaccant à present par lamort et trespas dudict feu 111e Pierre Poulin.
Sur ce est venu et comparu en laditte Assemblée, ni0 Jacques Sanguin, conseiller du Roy et lieutenant
general des Eaux et Foretz; lequel a remonstré que cy devant sire Claude Le Prebtre et luy ont esté pourveuz chacun d'un estat de Conseiller d'icelle Ville, au lieu de M" Nicolas Du Gué et Guillaume de Courlay, pour les causes et ainsy qu'il est porté par les Registres de lad. Ville'1'; esquelz estatz lesd. S" Du Gué et de Courlay seroient rentrez au moien de l'esdict de pacification, et neanlmoings auroit esté ordonné que, advenant vaccation de deux estatz des vingt quatre Conseillers de laditte Ville, ilz en se­roient pourveuz et y entreroient pour lors monter esd. estatz et offices selon leur rang, sans pour ce faire nouveau serment, et que ce pendant iceulx Sanguin et Le Prebtre demeureroient Conseillers de lad. Ville, comme supernumeraires et seroient appellez à toutes les Assemblées fors que es Assemblées particulieres du Conseil de lad. Ville'2'.
A ceste cause, requeroit led. sr Sanguyn estre pourveu et receu audict estat de Conseiller de laditte Ville au lieu dudict deffunct M" Pierre Poulin, ou cas que la pretendue resignation faitte par ledict feu m0 Pierre Poullin à Guillaume Poulin soit declairee nulle.
Et sur ce a esté mandé en laditte Assemblée, et est comparu ledict Guillaume Poulin, lequel a am­plement desduit et faict entendre en icelle Assem­blée toutes ses raisons et moiens, et a demandé et requis l'estat et office de Conseiller de lad. Ville par le moien de lad. resignation dudict feu me Pierre Poulin son frere, et requis que l'on feist entrer en icelle Assemblée et audict Bureau Nicolas Bourgeois, l'ung des Quarteniers de laditte Ville, qu'il a dist estre porteur dc la procuration dud. feu M" Pierre Poulin pour resigner au proffict dudict Guillaume Poullin ledict office, de Conseiller d'icelle Ville.
'O L'élection de Jacques Sanguin etde Claude Le Prestre, comme Conseillers de Ville, remonte au 8 juillet 1569, en remplacement de Nicolas Du Gué et de Guillaume de Courlay, dépossédés de leur charge pour fait de religion. Jacques Sanguin, sieur de Livry, Conseiller du Roy en la chambre des Eaux et Forêts, avait été pourvu, peu de jours après celle élection, dc l'office de lieutenant du Prévôt des Marchands (22 août et 1" septembre 1569), ll était entré dans la famille de de Thou par son mariage avec Barbe, fille d'Augustin I" ct sœur de Christophe et d'Augustin II de Thou, l'un premier président du Parlement, l'autre avocat général à cette mème Cour.
(3) L'élection de Sanguin et de Le Prestre, accomplie dans des conditions exceptionnelles, motiva de nombreuses et pressantes pro­testations, surtout après la réintégration do Du Gué et de Courlay dans leur office de Conseiller en vertu de lettres patentes du 22 sep­tembre 1570. Le détail de cette élection et des voies et moyens de procédure, employés à cette occasion par les parties adverses, est donné au Volume précédent, pages 122, 135, i4o, 191 et 192. Comme on le verra plus loin, ce litige se termina par l'adjonction pure et simple, aux anciens Conseillers, des deux offices ttsurérogatoires et.supernuméraires» dont étaient pourvus Sanguin et Lo Prestre; solution qui augmenta de deux membres le nombre des Conseillers, en le portant de vingt-quatre à vingt-six.